La manufacture de porcelaine de Sèvres a connu une histoire mouvementée. Installée en 1740 au château royal de Vincennes, elle a surmonté des débuts difficiles. Fondation privée, elle a cependant obtenu très tôt le soutien de la Couronne et est devenue manufacture royale dès 1753. Le raffinement de ses créations a rapidement conquis une clientèle française et européenne friande de cet « or blanc » alors très en vogue.
Le site de Vincennes étant peu adapté au développement d’une telle entreprise, la manufacture déménagea dès 1756 à Sèvres dans un bâtiment spécialement conçu pour l’accueillir, magnifique exemple d’architecture industrielle du Siècle des Lumières. Le projet, piloté par l’architecte Laurent Lindet et l’ingénieur des Ponts et Chaussées Jean- Rodolphe Perronet, témoigne de l’ambition confiée à cette manufacture. Le bâtiment a partiellement survécu et les archives de la Manufacture conservent de nombreux documents qui révèlent son organisation rigoureuse.
Pendant un siècle, la manufacture de Sèvres a connu un essor considérable. Figure clé de son histoire, Alexandre Brongniart (1770-1847) en prit les rênes de 1800 à sa mort en 1847, tout en fondant l’ancêtre du Musée national de Céramique à l’aube du 19e siècle, au sein même de la manufacture. Sous sa direction, l’essor de l’entreprise fut considérable. Ce dynamisme mit bientôt l’entreprise à l’étroit et la construction d’une nouvelle « usine » fut alors programmée. La parcelle de terrain choisie, située à Saint- Cloud et prélevée sur la liste civile de Napoléon III, fut aussitôt rattachée à la Ville de Sèvres, tant sa renommée rendait inenvisageable la perte de cette identité géographique.
A partir de 1876, ce site abrita la manufacture nationale de Sèvres, toujours active de nos jours. Il forme depuis 2010 la Cité de la céramique, aux côtés du musée, des archives et d’autres entités formant un écosystème artistique et culturel unique. Ce complexe architectural a été conçu par l’architecte Alexandre Laudin (1810- 1885) en associant les codes d’une architecture palatiale pour le musée à ceux d’une construction industrielle pour la manufacture. Le dialogue étroit entre les collections patrimoniales et l’activité céramique a contribué à nourrir la créativité des artistes, tandis que la nouvelle ampleur du site a favorisé l’essor d’une entreprise à la renommée internationale. De nos jours, la manufacture perpétue l’excellence de ses savoir-faire en produisant des objets d’art d’exception en porcelaine.
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