BM 170-3 2012

Le château de Fontainebleau. Recherches récentes.

Le numéro spécial du Bulletin monumental consacré au château de Fontainebleau comporte trois articles de fond très différents par l’approche du sujet.
Le premier est celui de Thomas Clouet intitulé « Fontainebleau de 1541 à 1547 » : il propose une nouvelle chronologie des travaux de François Ier fondée sur une lecture critique des « Comptes des Bâtiments du roi » en établissant que la copie du XVIIe siècle qui nous les a transmis en a interverti deux chapitres ; leur remise dans l’ordre originel entraîne une séquence plus logique des travaux de construction et de décoration entrepris au cours de cette période décisive et leur datation plus précise ; cette étude apporte donc une petite révolution dans l’histoire du château.
L’article d’Emmanuel Lurin consacré aux travaux d’Henri IV, en revanche, n’apporte pas de modification à la chronologie déjà établie mais propose une interprétation politique des importants ouvrages ajoutés au château par le Béarnais.
Patrick Ponsot enfin, à l’occasion de la publication récente du « Journal de l’Occupation (1940-1944) » tenu par l’architecte Albert Bray, met ce document en parallèle avec des témoignages concernant les guerres de 1870 et de 1914-18 et réfléchit sur les effets qu’elles ont pu respectivement exercer sur le monument.

ARTICLES
Fontainebleau de 1541 à 1547. Pour une relecture des Comptes des Bâtiments du roi, par Thomas Clouet
Les « basiliques et palais du Roi ». Architecture et politique à la cour de Henri IV, par Emmanuel Lurin

MÉLANGES
Fontainebleau et les guerres. Note à propos d’une publication récente, par Patrick Ponsot

ACTUALITÉ
MAYENNE. LAVAL. Nouvelle datation dendrochronologique de la tour maîtresse du château et de son hourd (Samuel Chollet et Jean-Michel Gousset)
PARIS. L’architecture sculptée au Louvre (Yves Pauwels)
VIENNE.POITIERS. Une maison du XIIe siècle récemment découverte rue Jean Bouchet (Laurent Prysmicki et Pascal Ricarrère)

CHRONIQUE
SPOLIA. VIIe-XVIe SIÈCLE.
L’usage des spolia dans l’architecture de l’Antiquité tardive et du Moyen Âge (Éliane Vergnolle).
Cathédrale de Marseille : identification d’un fragment du maître autel (Pierre Chastang)
ÉPIGRAPHIE MÉDIÉVALE.
L’inscription épigraphique funéraire avant 1250 : une interface entre le monde des vivants et celui des morts (Pierre Chastang)
ARCHITECTURE MONASTIQUE ET UNIVERSITAIRE MÉDIÉVALE.
Forme, fonction et rôle des bâtiments monastiques médiévaux : pour une approche élargie (Pierre Garrigou Grandchamp).
Une nouvelle contribution à la connaissance des léproseries normandes (Pierre Garrigou Grandchamp).
Un nouvel apport à la connaissance de l’architecture universitaire médiévale (Pierre Garrigou Grandchamp)
DÉCORS PEINTS ENTRE FRANCE ET ITALIE. XVIe SIÈCLE.
Échanges artistiques entre France et Italie : Albi et Francesco Giovanni Donnela de Carpi (Flaminia Bardati)
MOBILIER RELIGIEUX ET VITRAIL. Xe-XIIIe SIÈCLE.
À propos d’un crucifix offert à l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire à la fin du Xe siècle (Éliane Vergnolle).
L’ensemble de vitraux des Cordeliers de Parthenay : une importante découverte archéologique (Sophie Lagabrielle)
ARCHITECTURE ET SOCIÉTÉ. XVIIIe-XIXe SIÈCLE.
Les maisons d’enfants : résurgence d’une tradition aristocratique (Hervé Doucet)

BIBLIOGRAPHIE
ARCHITECTURE RELIGIEUSE.
Franklin Toker, On Holy Ground. Liturgy, Architecture, and Urbanism in the Cathedral and the Streets of Medieval Florence (Clario Di Fabio). — Giampietro Casiraghi e Guiseppe Sergi (éd.), Pellegrinaggi e santuari di San Michele nell’Occidente medievale. Pèlerinages et sanctuaires de Saint-Michel dans l’Occident médiéval (Grégory Combalbert). — Isabelle Cartron, Dany Barraud, Patrick Henriet et Anne Michel (éd.), Autour de Saint-Seurin : lieu, mémoire, pouvoir des premiers temps chrétiens à la fin du Moyen Âge (Christian Gensbeitel)

CHÂTEAUX ET PALAIS.
Jean Mesqui, Les seigneurs d’Ivry, Bréval et Anet aux XIe et XIIe siècles. Châteaux et familles à la frontière normande (Nicolas Faucherre). — Alain Salamagne (éd.), Le palais et son décor au temps de Jean de Berry (Béatrice de Chancel-Bardelot). — Emmanuel Lurin (dir.), Le Château-Neuf de Saint-Germain-en-Laye (Liliane Châtelet-Lange)

RÉSUMÉS ANALYTIQUES

Fontainebleau de 1541 à 1547. Pour une relecture des "Comptes des Bâtiments du roi", par Thomas Clouet

Les Comptes des bâtiments du roi sont une copie sélective de comptes du XVIe siècle aujourd’hui disparus, portant sur les principales demeures royales des environs de Paris. Sur le château de Fontainebleau, une nouvelle lecture des Comptes permet de préciser sensiblement les repères connus des travaux effectués dans les dernières années du règne de François Ier.
L’étude méthodique des paiements des années 1541-1547 permet de mieux percevoir le foisonnement et la créativité artistiques durant cette période allant de la mort du Rosso à celle de François Ier, pendant laquelle Primatice fut le principal maître des ouvrages décoratifs du château. Sont cités les grands décors de stuc, de fresques et de lambris des principaux appartements, le décor religieux de la chapelle Saint-Saturnin, les fabriques ornant les cours et les jardins et même certains ouvrages mobiliers.
La chronologie du château et de ses décors peut être largement affinée, voire complètement renouvelée. Les projets successifs de Primatice et de Cellini pour la Porte dorée sont mieux connus, et la construction de la grotte des Pins peut être repoussée de plusieurs années. Pour la première fois, une chronologie précise des fameux bronzes fondus d’après l’antique peut également être établie.
Enfin, parallèlement au développement de la Grande Basse-Cour se dégage une volonté de réorganisation de la Cour ovale, avec notamment la construction de la Salle de bal et l’ajout de coursières périphériques.

Les « Basiliques et palais du roi ». Architecture et politique à la cour d’Henri IV, par E. Lurin

L’article est une réflexion sur les bâtiments de Henri IV, centrée sur les résidences royales dont elle éclaire la signification monumentale dans le contexte de la reconstruction du royaume et l’avènement d’une nouvelle dynastie. Le premier roi Bourbon a engagé sous son règne un vaste programme de rénovation des édifices de la monarchie, projet particulièrement habile et ambitieux qui devait consacrer son propre triomphe et promouvoir la restauration de l’autorité royale. L’article cherche à montrer combien les choix de construction, d’agrandissement ou de décoration ont été constamment soutenus par une volonté de célébration qui tendait à souligner tout à la fois la permanence du pouvoir et son profond renouvellement en la personne de Henri IV. La démonstration, qui s’appuie sur la rénovation du château de Fontainebleau, s’attache à tisser des liens entre l’idéologie royale et les partis architecturaux, l’iconographie des décors monumentaux ainsi que la rhétorique des dédicaces. Elle s’achève ainsi par une analyse de la Porte du Baptistère qui met en évidence la notion d’architecture monarchique. Mais elle interroge plus généralement l’art de la « Seconde École de Fontainebleau » et offre un modèle d’interprétation susceptible d’être appliqué à d’autres chantiers et créations du règne de Henri IV.

Fontainebleau, 1541-1547. A new reading of the "Comptes des Bâtiments du roi", by Thomas Clouet

The Comptes des bâtiments du roi are a selective copy of the 16th-century accounts, which no longer exist, concerning the major royal residences in the region of Paris. Concerning the Château de Fontaintbleau, a new reading of the Comptes improves considerably the known chronology of work done in the last years of the reign of François Ier.
The methodical study of the payments made from 1541 and 1547 shows more clearly the artistic activity and creativity during the period between the death of Rosso and that of François Ier. Among the works cited are the stucco decoration, the frescoes and panelling of the main apartments, the religious decoration of the Saint Saturnin Chapel, the constructions decorating the courts and gardens, and even some furniture.
The chronology of the château and its appointments can be greatly refined, if not completely renewed. The succeeding projects of Primaticcio and Cellini for the Porte dorée are better known, and the construction of the ‘grotte des Pins’ can be pushed back several years. For the first time, a precise chronology of the casting of the famous bronzes based on antique models can also be established.
Finally, in parallel with the development of the Great Lower Court, there is a manifest desire to reorganize the Oval Court, particularly with the construction of the Ballroom and the addition of peripheral paths.

The « Basilicas and king’s palace ». Architecture and politics at the court of Henri IV, by Emmanuel Lurin

The article is a reflection on the buildings of Henri IV, centred on the royal residences ; it clarifies their meaning as monuments in the context of the reconstruction of the realm and the arrival of the new dynasty. The first Bourbon king began a vast programme of renovation of royal buildings, a particularly skilful and ambitious project, intended to consecrate his own triumph and promote the restoration of royal authority. The article seeks to show that in the choice of construction, aggrandisement and decoration there constantly underlay a will to celebrate, which tended to emphasize both the permanence of power and its profound renewal in the person of Henri IV. The demonstration, based on the renovation of the château of Fontainebleau, strives to weave together the relations between royal ideology and the architectural conceptions, the iconography of the monumental decorations as well as the rhetoric of the dedications. It concludes with an analysis of the baptistery door, which demonstrates the notion of ‘monarchical architecture’. But it investigates more generally the art of the “Second School of Fontainebleau” and offers a model of interpretation that may be applicable to other worksites and creations from the reign of Henri IV.

Fontainebleau, 1541 bis 1547. Für einen neuen Ansatz bei der Analyse der "Rechnungsbücher für die Bauten des Königs", von Thomas Clouet

Bei den Rechnungsbüchern für die Bauten des Königs handelt es sich um eine Kopie einer Auswahl der heute verschollenen Rechnungsbücher des 16. Jhds. Diese betreffen die herausragenden königlichen Wohnsitze des Pariser Umlandes.
Für Fontainebleau ermöglicht ein neuer Ansatz bei der Analyse der Rechnungsbücher die schon bekannte Chronologie der Bauarbeiten der letzten Jahre der Herrschaft Franz‘ I. genauer zu bestimmen. Eine systematische Untersuchung der Rechnungen, die in den Jahren 1541 bis 1547 beglichen wurden, lassen für diesen Zeitraum eine überquellende künstlerische Aktivität erkennen, die vom Tod des Rosso Fiorentino bis zu jenem von Franz I. reicht, und in dem Francesco Primaticcio die leitende Stellung bei der Ausschmückung des Schlosses innehatte.
Aufgeführt werden die großen Stuckdekore, Fresken und Wandverkleidungen der wichtigsten Appartements, die sakrale Ausschmückung der Kapelle Saint Saturnin, die für die Ausschmückung der Höfe und Gärten zuständigen Institutionen und sogar einige Möbelbauten.
Es wird somit möglich, die zeitlichen Abläufe beim Schlossbau und seiner Ausschmückung wesentlich genauer zu bestimmen, wenn nicht sogar völlig neu zu definieren.
Verschiedene Planungen von Francesco Primaticcio und Benvenuto Cellini für die Goldene Pforte sind nunmehr besser greifbar und das Baujahr der Grotte der Pinien kann um mehrere Jahre früher angesetzt werden.
Zum ersten Mal kann eine genaue Chronologie der berühmten antikisierenden Bronzegüsse erstellt werden.
Mit dem Ausbau des großen Schlosshofes wird schließlich die Absicht offenbar, den Ovalen Hof neu zu gestalten, insbesondere durch den Bau des Ballsaales und den Anbau der umlaufenden Galerien.

Die « Basiliken und Paläste des Königs“. Architektur und Politik am Hof Heinrichs IV., von E. Lurin
Dieser Artikel gibt Überlegungen zur Bautätigkeit Heinrichs IV. wieder, mit besonderem Fokus auf die Königsresidenzen, deren monumentale Bedeutung im Rahmen der Wiederherstellung des Königreiches und des Auftretens einer neuen Dynastie aufgezeigt werden soll. Der erste Bourbonenkönig hat unter seiner Herrschaft ein umfangreiches Programm über die Erneuerung der Gebäude der Monarchie aufgestellt. Dabei handelt es sich um ein besonders geschickt inszeniertes und anspruchsvolles Projekt, das seinen persönlichen Triumph feiern und die Wiederherstellung der königlichen Autorität propagieren sollte. Es soll aufgezeigt werden, inwieweit Bauentscheidungen, Erweiterungen und Bauschmuck von der Absicht getragen wurden, sowohl das Fortbestehen der Macht zu feiern, als auch deren tiefgreifende Erneuerung in der Person Heinrichs IV. Die Beweisführung, die sich auf die Instandsetzung des Schlosses von Fontainebleau stützt, ist bestrebt, die Verbindungen zwischen königlicher Ideologie und Architektur, Ikonographie des Bauschmucks sowie der Widmungsrhetorik aufzuzeigen. Sie gipfelt in einer Analyse der Pforte der Taufkapelle, die den Begriff der monarchischen Architektur verdeutlicht. Aber sie hinterfragt auch allgemeiner die Kunst der « Zweiten Schule von Fontainebleau » und schlägt ein Interpretationsmodell vor, das sich auch auf andere Baustellen und Neubauten der Herrschaft Heinrichs IV. anwenden lässt.

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